Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/45

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BELLEAU

Mon docte Pelletier.) Il adresse ce Sonet à Jaques Peletier, docteur en Medecine, homme de nostre temps des plus doctes et mieux versez en toutes bonnes disci plines. Il le prie luy donner quelque secours, soit par Philosophie ou autre science par le moyen duquel il puisse ralenter le feu d’amour qui le suit et consomme eternellement. Puis luy dit, que encores qu’il se soit maintenant du tout reduit à la cognoissance des astres, si est-ce pourtant qu’il est impossible qu’il n’ait esté quelque fois amoureux : pourtant le prie de luy dire le moyen, comme il s’est sauvé de ce danger, afin que par iceluy il puisse affranchir sa liberté, maintenant prison niere es liens d’Amour, et qu’il aura la couronne de Chesne, en recompense, pour le loyer d’avoir sauvé son compatriote et ancien amy. Je change nuict et jour de poil et de jeunesse, Mais je ne change pas l’amour d’une maistresse.) Servitium sed triste datur, teneorque catenis, Et nunquam misero vincla remittit amor. Tibulle.

Il y a presque un tel commencement dedans un Sonet de Petrarque,

Di di in di vo cangiando il viso e’I petto, Ne pero smorso e dolci inescati hami.


IX

Foudroye moy le corps, ainsi que Capanée,
O pere Jupiter, et de ton feu cruel
Esteins moy l’autre feu qu’Amour continuel
Tousjours m’allume au cœur d’une flame obstinée.