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LIVRE SECOND DES ODES. 177


Heureux celui que ta folie affole,
Heureux qui peut par tes traces errer :
Celui-là doit d'une docte parole
Hors du tombeau tout vif se déterrer.
 
Pour t'avoir servie,
Tu as de ma vie
Honoré le train :
Suivant ton école,
Ta douce parole
M'échauffa le sein.

Dieu est en nous , et par nous fait miracles :
D'accords mêlés s'égaye l'univers :
Jadis en vers se rendaient les oracles,
Et des haut dieux les hymnes sont en vers.

Si dès mon enfance
Le premier de France
J'ai Pindarisé,
De telle entreprise.
Heureusement prise.
Je me vois prisé.

Chacun n'a pas les Muses en partage,
Et leur fureur tout estomac ne point ' :
A qui le ciel a fait tel avantage.
Vainqueur des ans , son nom ne mourra point.
Durable est sa gloire ,
Toujours la mémoire
Sans mourir le suit :
Comme vent grand erre[1]
Par mer et par terre
S'écarte son bruit.

  1. ^ Ife poini : ne pique, a'imeat. err$, aUer gnnd train.
    ' ffme .* train, aUnre ; aller grand’