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XXVIII

Ma peine me contente, et prens en patience
La douleur que je sens, puis qu’il vous plaist ainsi.
Et que daignez avoir souci de mon souci,
Et prendre par mon mal du vostre expérience.

Je nourriray mon feu d’une douce espérance.
Puis que vostre desdain vers moy s’est adouci.
Pour résister au mal mon cœur s’est endurci,
Tant la force d’Amour me donne d’asseurance.

Aussi quand je voudrois, je ne pourrois celer
Le feu dont vos beaux veux me forcent de brusler.
Je suis soulfre et salpestre, et vous n’estes que glace.

De parole et d’escrit je monstre ma langueur :
La passion du cœur m’apparoist sur la face,
La face ne ment point : c’est le mirouer du cœur.