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XL

Laisse de Pharaon la terre Egyptienne,
Terre de servitude, et vien sur le Jourdain :
Laisse moy ceste Cour et tout ce fard mondain
Ta Circe, ta Serene, et ta magicienne.

Demeure en ta maison pour vivre toute tienne,
Contente toy de peu : l’âge s’enfuit soudain.
Pour trouver ton repos, n’atten point à demain :
N’atten point que l’hyver sur les cheveux te vienne.

Tu ne vois à ta Cour que feintes et soupçons :
Tu vois tourner une heure en cent mille façons :
Tu vois la vertu fausse, et vraye la malice.

Laisse ces honneurs pleins d’un soin ambitieux,
Tu ne verras aux champs que Nymphes et que Dieux,
Je seray ton Orphée, et toy mon Eurydice.