Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/188

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LXI

Ma Dame, je me meurs abandonné d’espoir :
La playe est jusqu’à l’oz : je ne suis celuy mesme
Que j’estois l’autre jour, tant la douleur extrême
Forçant la patience, a dessus moy pouvoir.
 
Je ne puis ny toucher gouster n’ouyr ny voir :
J’ay perdu tous mes Sens, je suis une ombre blesme :
Mon corps n’est qu’un tombeau. Malheureux est qui aime,
Malheureux qui se laisse à l’Amour décevoir !

Devenez un Achille aux playes qu’avez faites,
Un Telefe je suis, lequel s’en va périr :
Monstrez moy par pitié vos puissances parfaites.
 
Et d’un remède prompt daignez moy secourir.
Si vostre serviteur cruelle vous desfaites,
Vous n’aurez le Laurier pour l’avoir fait mourir.