Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LXXIV

Adieu cruelle adieu, je te suis ennuyeux :
C’est trop chanté d’Amour sans nulle recompense.
Te serve qui voudra, je m’en vais, et je pense
Qu’un autre serviteur ne te servira mieux.
 
Amour en quinze mois m’a fait ingénieux,
Me jettant au cerveau de ces vers la semence :
La Raison maintenant me r’appelle, et me tanse :
Je ne veux si long temps devenir furieux.

Il ne faut plus nourrir cest Enfant qui me ronge.
Qui les crédules prend comme un poisson à l’hain,
Une plaisante farce, une belle mensonge,

Un plaisir pour cent maux qui s’en-vole soudain :
Mais il se faut résoudre et tenir pour certain
Que l’homme est malheureux qui se repaist d’un songe.