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VIII

Je trespassois d’amour assis auprès de toy,
Cherchant tous les moyens de voir ma flame esteinte ;
Accorde, ce disoy-je, à la fin ma complainte,
Si tu as quelque soin de mon mal et de moy.

Ce n’est (ce me dis-tu) le remors de la loy
Qui me fait t’éconduire, ou la honte, ou la crainte,
Ny la frayeur des Dieux, ou telle autre contrainte,
C’est qu’en tes passetemps plaisir je ne reçoy.

D’une extrême froideur tout mon corps se compose,
Je n’ayme point Venus, j’abhorre telle chose,
Et les presens d’Amour me sont une poison :

Puis je ne le veux pas. O subtile deffaite !
Ainsi parlent les Roys, défaillant la raison,
« Il me plaist, je le veux, ma volonté soit faite.