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V

Voulant tuer le feu, dont la chaleur me cuit
Les muscles et les nerfs, les tendons et les veines,
Et cherchant de trouver une fin à mes peines,
Je vy bien à tes yeux que j’estois esconduit.

D’un refus asseuré tu me payas le fruit
Que j’esperois avoir : ô espérances vaines !
O fondemens assis sur débiles arènes !
Malheureux qui soymesme abuse et se séduit !

O beauté sans merci, ta fraude est descouverte !
J’aime mieux estre sage après quatre ans de perte,
Que plus long temps ma vie en langueur desseicher.
 
Je ne veux point blasmer ta beauté que j’honore,
Je ne suis mesdisant comme fut Stesichore,
Mais je veux de mon col les liens destacher.


[Pièce figurant aux Amours diverses à partir de 1584].