Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/146

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Ce fut un moment formidable. Si les Nains Rouges étaient à l’entrée de la bande, toute retraite devenait impossible. Et Naoh, le front bas devant le monde hostile, regretta amèrement d’avoir quitté les mammouths. Son énergie fléchit, il connut le découragement et la détresse. Puis l’action revint, avec son urgence et sa rudesse ; le regret passa comme un battement de cœur ; il n’y eut que l’heure présente. Elle exigeait la tension de tout l’être et l’éveil continu des sens.

Les Nomades essayèrent rapidement les issues. Au loin, une masse rousse s’élevait, qui pouvait être une île, qui pouvait aussi être la reprise de l’arête. Gaw et Naoh cherchèrent un gué ; ils ne trouvèrent que l’eau profonde ou la trahison des fanges et des vases.

Alors, la dernière chance était dans le retour. Ils le décidèrent brusquement et l’exécutèrent en hâte. Ils parcoururent deux mille coudées et se retrouvèrent hors du marécage, devant une végétation touffue, à peine entrecoupée d’îlots et d’herbe rase ; Nam, qui précédait, s’arrêta net et dit :

— Les Nains Rouges sont là.

Naoh n’en doutait point. Pour mieux s’en assurer il ramassa des pierres et les lança rapidement dans le fourré que Nam désignait : une fuite légère mais certaine décela les ennemis.

La retraite devenait impossible : il fallait se préparer au combat. Or l’endroit où se trouvaient les Oulhamr ne leur offrait point d’avantage et permettrait aux Nains Rouges de les envelopper. Mieux valait s’établir sur une partie de l’arête. Avec la lueur du Feu, ils y seraient à l’abri des surprises.

Naoh, Nam et Gaw poussèrent leur cri de guerre. Et, tandis qu’ils brandissaient leurs armes, Naoh clamait :

— Les Nains Rouges ont tort de poursuivre les