Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/158

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occupent toute la largeur de l’arête et se prolongent pendant plusieurs coudées.

Comme Naoh, tout son instinct tendu, pense à ces choses, une pierre partie de l’îlot roule sur le bûcher. Le Feu siffle, une petite vapeur s’élève, et voilà qu’un deuxième projectile passe et retombe. Le cœur figé, Naoh comprend la tactique de l’ennemi. À l’aide de cailloux, enveloppés d’herbe humide, il va tenter d’éteindre le Feu ou de l’amortir suffisamment, afin de faciliter le passage aux assaillants… Que faire ? Pour qu’on pût atteindre ceux qui occupent l’îlot, non seulement il faudrait qu’ils se découvrissent, mais les Oulhamr eux-mêmes devraient s’exposer à leurs coups.

Tandis que le fils du Léopard et ses compagnons s’agitaient furieusement, les pierres se succédaient, une vapeur continue fusait parmi les flammes, le buisson des Nains Rouges s’avançait sans relâche : les Nomades et l’Homme-sans-épaules frémissaient de la fièvre des bêtes traquées.

Bientôt toute une partie du Feu commença de s’éteindre.

— Nam et Gaw sont-ils prêts ? demanda le chef.

Et, sans attendre leur réponse, il poussa son cri de guerre. C’était une clameur de rage et de détresse, où les jeunes hommes ne retrouvaient pas la rude confiance du chef. Résignés, ils attendaient le signal suprême. Mais une hésitation parut saisir Naoh. Ses yeux palpitèrent, puis un rire strident jaillit de sa poitrine et l’espoir dilata son visage ; il mugit :

— Voilà quatre jours que le bois des Nains Rouges sèche au soleil !

Se jetant sur le sol, il rampa vers le bûcher, saisit un tison et le lança de toutes ses forces contre le buisson. Déjà l’Homme-sans-épaules, Nam et Gaw l’avaient