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LA MORT DE LA TERRE

Il se dressa, avec un petit choc au cœur : là-bas, dans l’échancrure du mont des Ombres, trois grands planeurs blancs venaient d’apparaître.


III

La planète homicide

Ces planeurs parurent frôler la Dent de Pourpre, inclinée sur l’abîme ; une ombre orange les enveloppait ; puis ils s’argentèrent au soleil zénithal.

— Les messagers des Terres-Rouges ! s’écria Manô.

Il n’apprenait rien à ses compagnons de route : aussi bien ses paroles n’étaient qu’un cri d’appel. Les deux escadrilles hâtaient leur marche ; bientôt, les masses pâles s’abaissèrent vers les pennes émeraude des Hautes-Sources. Des salutations retentirent, suivies d’un silence ; les cœurs étaient lourds ; on n’entendait que le ronflement léger des turbines et le froissement des pennes. Tous sentaient la force cruelle de ces déserts où ils semblaient siller en maîtres.

À la fin, Targ demanda, d’une voix craintive :

— Connaît-on l’importance du désastre ?

— Non, répondit un pilote au visage bistre. On ne le connaîtra pas avant de longues heures. On sait seulement que le nombre des morts et des