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TROISIÈME PARTIE




I


Plusieurs saisons naquirent et moururent. François Rougemont avait songé à fuir les Terrains Vagues. Son cœur l’y retenait. Des liens innombrables le rattachaient aux sites chaotiques, aux métamorphoses surprenantes, au vagabondage, à l’instabilité, à la truculente misère et la troublante énergie des créatures qui peuplaient les casernes neuves ou nichaient dans les vieilles baraques lézardées.

C’était un charme ingénu et rude, le secret de son âme d’homme des foules et de faubourien.

Il avait usé l’amour d’Eulalie.

La grande fille s’accrochait au souvenir saisissant de la mer, des falaises, de la vie tendre et sauvage, où son être s’était révélé à soi-même. Son cœur changeant ne voulait plus changer. Elle disposait, autour de François, les beaux mensonges dont nous ornons notre pèlerinage. Mais, reconnaissant qu’ils s’étaient pris comme les moineaux sur la branche, elle ne voulait pas tronquer des paroles, lier des actes, pour s’en faire des droits et imposer des devoirs à l’homme. Au rebours, elle se répétait qu’il