Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/233

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prestige et toute valeur : seule la temporisation pouvait, étape par étape, ramener la douceur disparue.

— Mon Dieu ! soupira-t-il… quelques mots auraient épargné de longues souffrances !

Elle aussi soupira, mais par sympathie, car elle sentait soudain tous ses regrets s’évanouir devant une réalité enivrante : si Charles n’était pas revenu, depuis combien d’années l’aventure ne serait-elle pas finie ? À jamais, ils seraient étrangers l’un à l’autre ! Maintenant, menacée par l’âge, elle retrouvait un des épisodes éblouissants de sa jeunesse. Tout ressuscitait — ou du moins pouvait ressusciter… Et Marie épiait avec délectation ce jeune homme troublé, source possible de joies qui commençaient naguère à paraître improbables.