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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


vreux des condamnés, avec ses cauchemars et ses réveils éperdus.

La nuit durait encore lorsque vint mon tour de veille. Jusqu’à l’aube, je ne cessai de décrire des cercles au-dessus de la morne sylve. Mon âme fut réellement triste jusqu’à la mort : dans ce monde étranger, même si Jean n’eût pas été un ami très cher, j’eusse ressenti sa perte comme une intolérable diminution de ma personne. La traversée de l’abîme interstellaire, l’isolement dans un astre perdu au fond de l’étendue, faisaient de nous trois un seul être.

L’aube vint enfin, tout de suite muée en plein jour… J’épiais sans espérance les grands thalles et les plantes rampantes… Soudain mon cœur se prit à bondir : l’émotion passa comme un cyclone, traversé de longs éclairs…

Jean était là !