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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


nation cherchait les repères de l’évocation et les prestiges du souvenir. Pourtant comme le charme était sûr ! Chaque minute le confirmait. Faut-il donc admettre que la beauté n’est pas une simple adaptation d’un fragment de la réalité universelle à notre réalité humaine ?

J’avais toujours imaginé que le visage humain, avec la bosse molle du nez, producteur de mucus, avec les appendices ridicules des oreilles, avec cette bouche en forme de four, — en somme répugnante par sa fonction brutale — n’était pas en soi préférable à la hure du sanglier, à la tête du boa ou à la gueule du brochet, qu’elle tirait toute sa séduction d’un instinct semblable à celui qui guide les hippopotames, les vautours ou les crapauds… La part de réalité esthétique me semblait ainsi subordonnée à nos structures ; elle