Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/104

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peupliers montaient dans un fourmillement lumineux de leurs feuilles. Entre les troncs espacés, je revoyais le radeau, toujours comme une tache noire, mais plus proche, puisqu’il se montrait malgré la brume. Mon regard, attiré d’abord sur ce point, s’en détourna bientôt aux clapotements d’appel de mon équipe. Tous indiquaient, au-delà de l’île, sur la droite, un massif de grands roseaux autour duquel l’eau s’agitait avec fureur. Le radeau s’immobilisa. Je tenais mon arme, chargée de ses deux coups, et j’attendais l’attaque. Le bouillonnement autour du massif de roseaux se déplaçait, se dirigeait vers nous. Puis, soudain, un calme absolu. Les eaux limpides montrèrent leur fond de hautes plantes comme une forêt submergée, et, sur les arabesques des tiges, les guipures de la feuille, partout descendait la divine lumière, d’iris autour des ombres, en globules de mercure sur les bulles d’air des feuilles. La