Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/49

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langue de terre, espèce d’îlot allongé en esquif. Ses doigts maniaient un objet menu, dont je ne discernais pas exactement la forme…

Et nous vîmes une scène extraordinaire.

Des salamandres géantes grimpaient sur l’îlot et se rassemblaient autour de l’homme et des tritons, des protées, des serpents d’eau.

Des chauves-souris voletaient autour de sa tête, des grèbes sautelaient sur un rythme. Il accourut encore des formes vagues, puis des rats, des poules d’eau, des chats-huants. L’homme continua sa musique bizarre, une grande douceur se dégageait de la scène, un sentiment de fraternité panthéistique que je sentis bien, malgré l’horreur de notre position.

Nous poussâmes un cri de détresse. L’homme se tourna vers nous et s’interrompit. Quand il eut vu notre position, il bondit de son îlot, il disparut parmi les algues. L’angoisse et l’espérance, aussi en-