Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/64

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— Je vous obéirai ! » — dis-je.

Sabine, quoiqu’elle eût un peu de délire, nous avait très bien compris. Elle se souleva sur le coude :

« Je serai assez forte pour te suivre, père !

— Petite fille, — répliqua Devreuse avec autorité, obéis au médecin. Avant six jours je serai revenu et j’aurai accompli mon devoir. Est-ce toi qui prétendrais m’en empêcher ? »

Sabine ne répliqua rien, subjuguée ; nous demeurâmes quelque temps taciturnes. La fièvre recommença d’agiter la jeune fille ; puis elle tomba dans un demi-sommeil. Je l’épiais à la pauvre lueur de notre torche. Des pressentiments indéfinissables passèrent. La voix du capitaine vint me tirer de ma rêverie :

« Vous êtes bien sûr que ce n’est pas dangereux ?

— En médecine, on n’est jamais sûr !

— Mais autant qu’on peut l’être ?