Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/67

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N’ayez aucune inquiétude et surtout attendez-moi. Ne quittez pas l’île. »


Sabine éclata en larmes. Pour moi, je m’étonnai que le capitaine eût songé à emporter ce petit messager. Un sourire de l’Homme-des-Eaux me fit soupçonner que l’idée ne venait pas de Devreuse. Ma compagne continuait à se désoler.

« Sabine ! — chuchotai-je avec douceur, — ce n’est pas dangereux… une jambe démise, il n’y paraîtra plus dans quelques semaines…

— Vous en êtes sûr ?…

— Absolument… »

L’Homme-des-Eaux avait disparu. Sabine, morne, ne pleurait plus. Il régnait un vaste silence. Je passai mon bras autour du col gracile. La tête blonde reposait sur mes bras, mes yeux se réfléchissaient dans les yeux de lumière. Hélas ! à travers les vicissitudes, jamais je n’avais été plus heureux.