Page:Rosny aîné - Nymphée - Le Lion, 1909.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dure, dont ils faisaient leurs harpons, leurs scies, leurs haches, leurs couteaux.

Somme toute, la simplicité de leurs besoins matériels ne les portait guère à l’industrie. — Leur vie était plus poétique que pratique. Jamais je ne vis créatures plus débarrassées qu’eux de tous soucis d’accaparement ou de propriété. Ils semblaient n’avoir retenu que les éléments de bonheur, écarté toute vaine souffrance. Non d’ailleurs qu’ils fussent indolents, — ils adoraient l’exercice, les voyages aquatiques, jusqu’à l’épuisement, — ils étaient sans cesse en mouvement comme les cétacés. À l’encontre des sauvages, qui passent des chasses forcenées aux longs jours d’assoupissement, ceux-ci se remuaient inlassablement.

Mais cette prodigieuse action n’avait aucun but productif. C’était leur rêve. Ils nageaient, voguaient, bondissaient, comme d’autres se reposent. À part quelques chas-