Aller au contenu

Page:Rosny aine - Helgvor du fleuve bleu, 1935.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
HELGVOR DU FLEUVE BLEU

au cœur belliqueux, se dissimule dans l’herbe, dans les fissures étroites, derrière les faibles plis du terrain, jusqu’aux branches trop minces pour supporter le poids de Helgvor, et déjà connaît les ruses humaines…


Les chiens grondent et le loup s’est dressé. Ce sont les mammouths. Leurs masses couleur d’argile s’avancent comme des rochers. Avec leurs trompes pareilles à des reptiles fangeux, leurs surprenantes défenses, leurs pieds lourds comme des arbres, ils semblent venir du fond des âges.

Tout en eux est étrange. Seuls parmi les vivants, ils portent ce nez qui est un bras colossal, ces dents qui pèsent cent fois le poids d’une massue. À travers les millénaires, où leur race vécut souveraine et pacifique, ils virent disparaître le Félin Géant et les Grands Ours des Cavernes. Eux-mêmes bientôt cesseront de surgir sur la savane et dans la sylve : ceux-ci sont parmi les derniers de la race. Déjà, leurs semblables ont disparu au pays des Hommes du Roc ; ils s’avancent rarement jusqu’aux Lacs Verts ! Mais le Fleuve Bleu abreuve encore des troupeaux assez nombreux pour que Helgvor les estime éternels.

Il les aime ; ils satisfont sa passion essentielle pour la puissance. Et debout sur le rocher, il clame :