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TROISIÈME ACTE.
Roxane.

Des ordres. On assiège Arras. Ah !… on assiège ?…

De Guiche.

Oui… Mon départ a l’air de vous laisser de neige.

Roxane, poliment.

Oh !…

De Guiche.

Oh !… Moi, je suis navré. Vous reverrai-je ?… Quand ?
— Vous savez que je suis nommé mestre de camp ?

Roxane, indifférente.

Bravo.

De guiche.

Bravo. Du régiment des gardes.

Roxane, saisie.

Bravo. Du régiment des gardes. Ah ! des gardes ?

De Guiche.

Où sert votre cousin, l’homme aux phrases vantardes.
Je saurai me venger de lui, là-bas.

Roxane, suffoquée.

Je saurai me venger de lui, là-bas. Comment !
Les gardes vont là-bas ?

De Guiche, riant.

Les gardes vont là-bas ? Tiens ! c’est mon régiment !

Roxane, tombant assise sur le banc, — à part.

Christian !

De Guiche.

Christian ! Qu’avez-vous ?

Roxane, toute émue.

Christian ! Qu’avez-vous ? Ce… départ… me désespère !
Quand on tient à quelqu’un, le savoir à la guerre !

De Guiche, surpris et charmé.

Pour la première fois me dire un mot si doux,
Le jour de mon départ !

Roxane, changeant de ton et s’éventant.

Le jour de mon départ ! Alors, — vous allez vous
Venger de mon cousin ?…