Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/128

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Roxane.

Oh ! mais il ne va pas m’importuner toujours !

(Décachetant la lettre.)

Je t’aime, et si…

(À la lueur de la lanterne de Ragueneau, elle lit, à l’écart, à voix basse.)

Je t’aime, et si…« Mademoiselle, les tambours
Battent ; mon régiment boucle sa soubreveste ;
Il part ; moi, l’on me croit déjà parti : je reste.
Je vous désobéis. Je suis dans ce couvent.
Je vais venir, et vous le mande auparavant
Par un religieux simple comme une chèvre
Qui ne peut rien comprendre à ceci. Votre lèvre
M’a trop souri tantôt : j’ai voulu la revoir.
L’audacieux déjà pardonné, je l’espère,
Qui signe votre très… et cætera…»

(Au capucin.)

Qui signe votre très… et cætera…"Mon père,
Voici ce que me dit cette lettre. Écoutez.

(Tous se rapprochent, elle lit à haute voix.)

« Mademoiselle,
Mademoiselle,Il faut souscrire aux volontés
Du cardinal, si dur que cela vous puisse être.
C’est la raison pourquoi j’ai fait choix, pour remettre
Ces lignes en vos mains charmantes, d’un très saint,
D’un très intelligent et discret capucin ;
Nous voulons qu’il vous donne, et dans votre demeure,
La bénédiction

(Elle tourne la page.)

La bénédictionnuptiale sur l’heure.
Christian doit en secret devenir votre époux ;
Je vous l’envoie. Il vous déplaît. Résignez-vous.
Songez bien que le ciel bénira votre zèle,
Et tenez pour tout assuré, Mademoiselle,
Le respect de celui qui fut et qui sera
Toujours votre très humble et très… et cætera. »