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II


Une vie admirable. Aucun homme n’a dû
Fréquenter de plus près la maternelle argile.
Son bosquet de lilas lui tient lieu d’Évangile.
D’un Fabre d’Eglantine il semble descendu.

Il guette tout un jour ce qu’il n’a qu’entendu
Il ne peut s’ennuyer, sachant par cœur Virgile.
S’il découvre un insecte éclatant et fragile,
Il lui donne le nom du fils qu’il a perdu.

Quand il rentre, le soir, avec sa découverte,
La Vérité peut-être est dans sa boîte verte,
Car du puits d’un insecte elle peut émerger.

Voilà sa vie. Elle est simple, triste, ravie.
Il n’enlève jamais son chapeau de berger.
Et ses livres se font tout seuls, avec sa vie.