Page:Rouché - L’Art théâtral moderne, 1910.djvu/11

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L’art de la scène est l’art le plus varié qu’il soit ; il ne saurait obéir à une règle unique.

La mise en scène a pour but de mettre en lumière le corps d’une pièce, d’en dégager les lignes principales, de l’habiller si l’on peut dire. Or, le premier principe de l’art du couturier n’est-il point d’adapter à la beauté particulière de chaque femme la robe qui doit la revêtir ? Il tient compte de sa taille, de son teint, de la nuance indéfinissable de sa grâce que son effort tend à mettre en valeur ; il considère le cadre où sera exhibée la robe qu’on lui commande, et ne combine pas une toilette de ville ou de simple visite d’après les mêmes lois qu’un trotteur ou qu’une tea-gown. Enfin, quand il est un artiste, le couturier qui compose une robe d’apparat n’oublie pas d’en harmoniser l’étoffe, le style et les tons au style et aux tentures du salon où il sait que la robe doit être portée ; surtout il se garde bien de l’alourdir par un clinquant de scintillantes richesses dont le seul résultat serait de laisser soupçonner des défectuosités regrettables dans le corps qu’elles dissimulent.

De même, la mise en scène d’une pièce ne doit ni la déformer, ni la parer à l’excès, mais seulement mettre en valeur ses lignes principales et le caractère propre de sa beauté.