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LE THÉÂTRE RUSSE 37

dramatiques. Les répétitions de la Mort de Tintagiles avaient appris à disposer les personnages, sur la scène, comme ils le seraient sur des fresques et des bas-reliefs ; la même pièce suggéra d’accompagner le dialogue intérieur par la musique et la mimique plastique, elle permit encore d’apprécier la valeur des intonations mystiques, remplaçant les intonations logiques. D’autres pièces enseignèrent la décoration sobre, qui ne met en scène que l’essentiel, et montrèrent la différence existant entre la reproduction du style et la stylisation des effets de scène. L’expérience avait donc été fructueuse.


Ces jeunes réformateurs partent en guerre contre le théâtre naturaliste où l’on cherche à reproduire exactement la réalité.

Tout dans la limite du possible doit être véritable : plafonds, fables, ustensiles et accessoires ! Rien ne peut être oublié ! Il faut que le spectateur découvre, s’il prend la peine de le chercher, le moindre détail qu’il trouverait dans la réalité. Afin d’y arriver, il se fait « que l’artiste crée en collaboration étroite avec le menuisier, le charpentier, etc. ». Pour les pièces historiques, on s’inspire des photographies de musée, afin d’obtenir la plus parfaite exactitude ! Comme si des reproductions de scènes de vie pouvaient traduire seules un sentiment, une lutte, un état psychologique ! Toujours dans le but d’être vrais, les acteurs sont grimés d’une façon caractéristique et voyante. Les visages sont rendus, avec une exactitude photographique, comme si eux seuls caractérisaient les hommes, comme si la mimique du visage seule extériorise sa pensée, ses émotions. En vertu de cette croyance traditionnelle, la plastique est

Art et Vie. — Kornilov, Moscou. « L'OISEAU BLEU ». LE FEU. — EGOKOF.