Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/162

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mort.
Mais tout un peuple aîlé me sourit sur ce bord.
Peuple artisan du miel, tes jeunes colonies,
Que la nécessité de la ruche a bannies,
Murmurent, et sans ordre, en grouppes éplorés,
S’attroupant à l’entour de tes murs trop serrés,
Semblent se demander quelle injuste puissance
Ose ainsi les bannir du lieu de leur naissance :
Et comme parmi nous, quand la sédition
Cherche à briser le frein de la soumission,
On voit languir les bras, dont l’active industrie
À l’ombre de la paix nourissoit la patrie ;
Ainsi le peuple-abeille interrompt ses travaux :
Le miel ne coule plus en des rayons nouveaux.
L’aurore brille en vain ; la rose ranimée
Pour lui ne r’ouvre point sa feuille parfumée.
Enfin la jeune reine à son peuple attristé
Fait ouïr du départ le signal redouté ;
Au faîte de la ruche elle agite ses aîles :
On l’entoure, on la suit ; et désormais fidèles,
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