Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/181

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Vaguement inquiet, se lève avec l’aurore :
Il jette sur lui-même un regard curieux.
« Est-ce un songe, dit-il, qui fascine mes yeux ;
De quel voile nouveau m’ombrage la nature ? »
Entre mille pensers il flotte à l’aventure ;
Il ne soupçonne point que l’âge créateur,
Dans son corps, a mûri l’esprit générateur,
Qui doit le reproduire en un autre lui même,
Et qu’il est tems enfin qu’il s’enflamme et qu’il aime.
D’un bonheur inconnu le besoin le poursuit.
Il sort, marche au hazard ; et quand le jour s’enfuit,
Quand sous de verds bosquets, le soir retrouve ensemble
Les nymphes, les beautés que la cité rassemble,
Là, comme par instinct, entre l’adolescent.
Il dévore des yeux cet essaim florissant,
Ces magiques appas que le jardin recèle :
Il frissonne, il rougit ; son regard étincelle.
Son coeur, pour s’affermir, tente de vains efforts.
Veut-il parler ? Sa voix s’exhale en sons plus forts.
Dans le ravissement où son ame est perdue,
Il part, lorsque la nuit, sur nos toîts descendue,