Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/183

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Qui ne voit, qui ne sent que l’objet adoré,
Qui tout entier se voue à son culte sacré,
Ne reconnoît pour loi, pour volonté suprême,
Qu’un souhait, un regard, un mot de ce qu’il aime,
Et par excès d’amour quelquefois sans desir,
Sent humecter ses yeux de larmes de plaisir.
Souffre-t-il les tourmens attachés à l’absence ?
Dans son coeur plus épris, l’image qu’il encense
Respire, le poursuit, assiège son sommeil,
L’attend, et le saisit à l’instant du réveil.
Il prononce cent fois, cent fois il croit entendre
De sa divinité le nom si doux, si tendre.
La foule l’importune ; à ses plaisirs bruyans
Il s’arrache, il s’enfonce aux bosquets verdoyans.
Là, couché sur les fleurs, près d’une eau fugitive,
Exhalant en soupirs sa voix demi-plaintive,
Il éveille en pleurant l’écho qu’il attendrit.
Heureux de sa blessure, il l’aime ; il la nourrit.
Impatient enfin de languir loin des charmes,
Que rappellent toujours ses sanglots et ses larmes,
Il se lève ; et s’il faut, la nuit, pour tant d’appas,