Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/90

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pour vivre et pour mourir fidèle.
De canetons rameurs ces étangs sont couverts.
La compagne du cocq, les yeux sans cesse ouverts,
De ses nombreux poussins marche et glousse entourée.
Déployant au soleil son aîle diaprée,
La colombe renaît pour le char de Vénus.
Au souffle caressant des zéphyrs revenus,
L’abeille, à qui son sexe a mérité le trône,
D’un nouveau peuple accroît l’honneur de sa couronne ;
Et du sein des taillis les folâtres pinsons,
Répondant aux bouvreuils cachés sous les buissons,
De chants harmonieux emplissent les campagnes,
Et r’enflamment l’amour dans leurs froides compagnes.
Il méritoit donc bien, le deuxième des mois,
Que Vénus à son cours présidât autrefois ;
Que sous des noms divers, le peuple issu d’Énée,
L’invoquant au réveil de la nouvelle année,
Pour elle, éternisât le culte, les autels,
À sa gloire érigés par les premiers mortels !
Vénus représentoit l’invisible puissance,
Par qui dans l’univers tout reçoit la naissance.