Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/93

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De ce ver printanier la nombreuse famille,
Éclose après huit jours, et murmure et fourmille.
La feuille de Thisbé germe, s’ouvre, mûrit ;
Le ver croît avec elle : il croît, il s’en nourrit.
À ce ver cependant la moitié de la vie,
Par un triste sommeil, comme à nous, est ravie.
De langueur accablé quatre fois il s’endort ;
Mais sorti quatre fois des ombres de la mort,
Il reparoît, vêtu d’une robe nouvelle :
Telle à chaque printems Myrthé renaît plus belle.
Las de ramper sans gloire, il gravit un roseau,
Où déployant d’abord un informe rézeau,
Bientôt de sa filière il tire, il développe
Un tissu, qui plus riche en globe l’enveloppe :
Sous des sables profonds par lui-même entassés,
Ainsi bornant le cours de ses flots dispersés,
Le Rhin cache au soleil son onde languissante.
L’insecte scelle enfin sa tombe jaunissante,
S’assoupit ; et son corps en nymphe transformé
Sous un habit de deuil languit inanimé.
Mais, ô brillant prodige ! ô riante merveille !