Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/104

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contre les autres en se serrant si fortement, que les os en craquent, et ils s’écrient en chœur :

« Quel bonheur ! Quel bonheur !

Les deux frères. — Que nous sommes riches !

Le notaire. — Oui, mes amis, la paroisse tout entière appartient à vos seigneuries. Je parle ici par figure.

Louison. — Voyons, raconte-moi ça. (Et, se tournant vers sa mère qui filait toujours) : Jetez donc ce rouet-là au grenier. Vous nous ennuyez par votre bruit monotone mru, mru, mru.

La mère. — Mon cher Louison, le travail a été imposé à l’homme par Dieu lui-même. Et puis, mes enfants, ne vous tournez pas la tête pour si peu de chose.

Louison. — Hâte-toi, Pierriche. Je brûle de connaître les détails de cette magnifique affaire. Tout le monde m’accoste en me demandant comment que ça se fait que nous ayons reçu notre héritage ; et moi, qui ne connais rien, je passe pour un baignet (benêt). Parle, parle.

Pierriche. — Fais-toi raconter l’histoire par M. le notaire. Lui qui est si instruit, il n’oubliera rien et te mettra parfaitement au courant de cet heureux tripotage. That’s the man.

Louison. — Cache-moi donc cet anglais que tu as appris lorsque tu faisais tes études à la porte du collège. Vile, vite, parlez, quelqu’un, à la fin de tout.

Pierriche. — Il ne faut pas faire allusion à notre