Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/59

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quante piastres et une bouteille de rhum, et nous irons passer la nuit dans votre terrible villa. Je voudrais bien que quelqu’un s’avisât de nous déranger, par exemple ! »

« Un formidable juron termina la phrase.

« Mathurin, offensé des paroles orgueilleuses et du blasphème qu’il venait d’entendre, répliqua aussitôt :

« — Ce n’est pas cinquante, mais cent piastres que je vous accorde, si vous passez toute la nuit dans la villa. Quant à la boisson, vous en aurez tant que vous voudrez. »

« Les deux Hercules s’approchent de mon ami et lui disent en tendant la main droite :

« — Tapez là. Nous acceptons votre pari, et nous nous mettons en route sur-le-champ. »

« Le marché est conclu devant témoins, et les courageux Canadiens s’acheminent vers la villa, suivis à une courte distance par une dizaine de mes amis et moi-même, qui voulions nous assurer s’ils rempliraient les conditions de leur contrat. Nos deux braves entrent hardiment dans la maison, placent une bougie sur une table près de la cheminée et s’assoient de chaque côté de cette table, après s’être ingurgité chacun un bon coup et avoir allumé leur brûle-gueule. Les témoins s’installent sous le feuillage d’un gros orme à quelques pas de la maison. Du poste que nous occupons, nous pouvons observer facilement toutes les allées et venues de nos gars.