Page:Roullaud - Le Chien et le Mendiant, Album Universel, 1906-11-07.djvu/4

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L’hiver, lorsque la grande voix du vent hurlait en fanfares de tempête à travers les troncs dénudés qui claquaient sous la morsure impitoyable du froid, l’immense forêt dormante se mettait parfois en mouvement ; elle se débattait contre les souffles géants qui la glaçaient, secouait les givres étreignants qui gelaient sa sève, et l’on eût dit une montagne en marche.

Les sommets de ses arbres gigantesques tressaillaient, s’entrechoquaient, secouaient la neige encore molle, la précipitaient sur le sol épaissi, et les milliers de branches sèches, se heurtant, avaient des sons de castagnettes fêlées ou de grelots mélancoliques, sonnant affolés dans la nuit.

Çà et là, au milieu des clairières, les Robin avaient établi leurs réserves. Ici, sous un toit