Ils ont, étrangers barbares,
Mus par la cupidité ;
Ils ont, trafiquants avares,
Monstres d’inhumanité ;
Ils ont, frères homicides ;
Sauvages civilisés,
Vendu, dans des flots perfides.
Tous les poisons déguisés !
Maudits les Pâles-visages !
Maudit leur oka homi !
Ils ont détruit les Sauvages
Avec ce seul ennemi !
Viens Antoine Calybite,
Loin du bruyant tamaha ;
Sur le mont, que l’aigle habite.
Viens, Antwen tchouka-hanta !
Amérique, il est temps, réveille-toi, ma mère :
Pour combattre le mal, il te faut la prière ;
Il te faut, en ces jours, à tant d’activité
Opposer l’orative et calme austérité ;
Il faut, par le silence, et le jeûne, et les veilles.
Opérer en repos d’ascétiques merveilles ;
Il faut, pour arrêter le luxe en ses progrès,
La sainte extravagance et les pieux excès ;
Au mal extrême, il faut des remèdes extrêmes ;
Pour effrayer la chair, il faut des moines blêmes ! —
Où sont-ils les enfants amoureux de la Croix,
Les apôtres sans or, les fils de Saint François,
Sublimes insensés, divins enthousiastes,
Entraînant après eux toutes les âmes chastes,
Tous les esprits d’élite ; et d’un verbe de feu,
Sans haine, foudroyant les ennemis de Dieu ?
Amérique, il est temps, réveille-toi, ma mère :
Il te faut, pour combattre, une phalange austère !
Pour combattre, en ces jours, les Esprits ténébreux,
Se transformant partout en Anges lumineux ;
Pour combattre le faux et sombre illuminisme,
Il te faut de l’amour le divin mysticisme :
Ouvre la thébaïde à l’héroïque essaim,
Qui pour un calme abri soupire dans ton sein !
Aux cœurs faits pour Dieu seul, aux âmes solitaires,
À l’expiation, ouvre des monastères ! —