Page:Rouquette - L'Antoniade, 1860.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le Mont-Carmel.

Séparateur

sylvia.


L’Ordre du Mont-Carmel, l’Ordre des Carmélites,
C’est l’Ordre qui m’admit entre ses prosélytes ;
L’âme y trouve un refuge illuminé d’amour ;
Elle y trouve, en exil, un céleste séjour. —
L’Ordre du Mont-Carmel, c’est l’Ordre de Marie ;
Le modèle de tous, établi par Élie ;
L’Ordre du Scapulaire, où tous seront sauvés,
Par ce saint Vêtement de l’Enfer préservés ! —
Né sous l’ancienne Loi, c’est l’Ordre des prophètes,
Qui reçoit dans son sein artistes et poètes,
Venant lui demander ce breuvage de miel,
Qui nourrit au désert les enfants d’Israël ;
Venant lui demander la paix et le silence,
Et de l’isolement l’austère vigilance ! —
L’Ordre du Mont-Carmel, ah ! c’est là mon abri !
Dans ce jardin sacré, mon âme a refleuri !
Loin d’un monde ennemi, je m’y suis envolée ;
Et par l’amour de Dieu mon âme est consolée !
Hélas ! si j’avais su, dès mon âge enfantin,
Qu’un ciel m’était ouvert sur le Carmel lointain,
Je n’eusse pas erré de tristesse en tristesse,
Trouvant l’amer dégoût au fond de chaque ivresse ;
Je n’eusse pas connu le désenchantement,
Et la satiété qui suit l’enivrement ;
Mais j’aurais clos mon cœur, et, dans un doux mystère
J’aurais toujours vécu, voilée et solitaire ;
J’aurais au Seigneur seul consacré tous mes jours,
Et « dans un seul amour éteint tous les amours ! »