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Ces savanes en fleurs, ces plaines onduleuses,
Ces temples verdoyants, où Dieu nous parle encor,
Et d’où l’âme, en repos, prend un sublime essor ?
Pour fuir des froids salons l’énervant esclavage,
Quel homme n’a rêvé de se faire Sauvage ?
Oui, j’irai me bâtir, dans un coin reculé,
Dans les vierges forêts de l’Ultima Thulé,
Au milieu des Tribus de ton Grand Territoire,
J’irai, pour y rester, construire un oratoire !

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Le Triple Monde.

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À Oreste A. Browson

 
Les fleurs et les oiseaux, tous les êtres créés,
Dans l’espace infini doucement gradués,
Ne sont que les degrés, l’échelle par où l’âme
Remonte au Centre ardent de lumière et de flamme ;
Au Dieu, que l’œil mystique aperçoit à travers
L’immuable beauté du changeant univers !
Pour s’y manifester, oui, Dieu dans la nature
Règle tout avec poids, avec nombre et mesure ;
Oui, tout est nuancé dans les œuvres de Dieu ;
Chaque chose à son temps, son espace et son lieu ;
Tout est mêlé de jours, d’ombres, de demi-teintes :
Tout porte les reflets des divines empreintes ;
Tout est proportion, harmonie, unité,
Dans ce monde, où pourtant tout est variété :
La beauté de l’accord naît partout du contraste ;
L’homme fort accompagne Eve timide et chaste ;
La nuit succède au jour, et l’étoile au soleil,
La joie à la douleur, l’action au sommeil ;
L’astre, à demi-voilé, luit mieux du sein des ombres,
Et l’Unité féconde engendre tous les nombres !
 Merveilleuse unité de ce vaste univers,
Peuplé pour l’homme seul de tant d’êtres divers ;
Invariable accord, harmonie éternelle,
Symbole éblouissant, splendeur universelle :
De l’unité de Dieu tu n’es qu’un faible trait ;
Qu’une ombre de Celui qui s’appelle Parfait ;
De Celui qui nous donne et mouvement et vie,
Et par qui nous sentons que notre âme est ravie.
Dans un ordre constant, un immuable accord,
Un mouvement réglé, sans bond et sans effort,
Selon le rhythme d’or de la sphère infinie,
Le cercle, aux douze mois, roule avec harmonie ;