Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/103

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A l’objet éternel de vos justes louanges.
Oui, mon Dieu, je veux désormais
Partager la gloire des anges,
Et consacrer ma vie à chanter vos bienfaits.

Renonçons au stérile appui
Des grands qu’on implore aujourd’hui ;
Ne fondons point sur eux une espérance folle:
Leur pompe, indigne de nos vœux,
N’est qu’un simulacre frivole ;
Et les solides biens ne dépendent pas d’eux.

Comme nous, esclaves du sort, [1]
Comme nous, jouets de la mort,
La terre engloutira leurs grandeurs insensées ;
Et périront en même jour
Ces vastes et hautes pensées
Qu’adorent maintenant ceux qui leur font la cour.

Dieu seul doit faire notre espoir ;
Dieu, de qui l’immortel pouvoir
Fit sortir du néant le ciel, la terre et l’onde;
Et qui, tranquille au haut des airs, [2]

  1. Comme nous, esclaves du sort,
    Comme nous, jouets de la mort. Il y a de la grâce dans la répétition
    Comme nous, au commencement du vers ; et les deux rimes
    masculines, ainsi rapprochées, sont là d’un fort heureux effet.
  2. Et qui, tranquille au haut des airs, etc. Peut-être cette seule
    épithète, tranquille, ainsi placée, donne-t-elle de la toute-puissance
    du Créateur, une plus haute et plus juste idée que tout ce
    que le poète auroit pu ajouter. C’est le pouvoir du mot mis à sa place*