Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/406

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Où le fils de Vénus et les Dieux de Cytlière
Dormoient sous un ombrage frais:
Surprise, elle s’arrête ; et sa prompte colère
S’exhale en ce discours, qu’elle adresse tout bas[1]
A ces Dieux endormis, qui ne l’entendent pas:

Vous, par qui tant de misérables
Gémissent sous d’indignes fers,
Dormez, Amours inexorables,

Laissez respirer l’univers.
Profitons de la nuit profonde
Dont le sommeil couvre leurs yeux ;
Assurons le repos au monde,

En brisant leurs traits odieux.
Vous, par qui tant de misérables
Gémissent sous d’indignes fers,
Dormez, Amours inexorables,
Laissez respirer l’univers.

A ces mots elle approche ; et ses nymphes timides,
Portant sans bruit leurs pas vers ces Dieux homicides,
D’une tremblante main saisissent leurs carquois;

  1. S’exhale en ce discours, etc. Le Brun, qui, malgré sa profession
    de foi sur le mérite des Cantates, ne laisse pas de harceler de temps
    en temps le grand poète de ses petites remarques, ne veut pas
    qu’on exhale un discours qui s’adresse tout bas ! comme si le dépit,
    la fureur concentrés ne s’eæhaloient pas le plus souvent par des
    mots entre-coupés, sans suite, sans liaison; image fidèle du trouble
    de L4âme, et du désordre des idées !