Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/452

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La beauté languiroit sans vous,
Et vous expireriez sans elle.
S’il est vrai que le Dieu d’amour
A la beauté doit sa naissance,
La beauté, par un doux retour,
Doit à l’Amour seul sa puissance.
Tendres Amours, accourez tous ;
Venez, volez, troupe immortelle :
La beauté languiroit sans vous,
Et vous expireriez sans elle.


CANTATE XIII.
CONTRE L’HIVER.


Arbres dépouillés de verdure,
Malheureux cadavres des bois, [1]

  1. Malheureux cadavres des bois. Cette riche et belle expression
    n’a cependant pas toute la justesse désirable. La vie végétale n’est
    point éteinte, mais momentanément suspendue dans les plantes,
    pendant l’hiver ; et l’idée de cadavre comporte celle d’une destruction
    entière, et sans nul retour à la vie. Roucher a dit plus
    heureusement, Poème des Mois, ch. iv, v. 66 :


    Ici, git an tombeau le cadavre de Tyr.


    Et la pensée est aussi juste, que l’expression est neuve et poétique, parce que cette ville superbe n’est jamais sortie du tombeau
    de ses ruines. Chaque printemps, au contraire, rappelle les arbres
    à la vie, et semble leur rendre tous les ans une vigueur nouvelle.