Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/123

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équilibre ne peut cependant être tel que l’avantage ne soit toujours pour l’industrie, soit parce que l’argent qui est dans l’État s’y porte en plus grande abondance, soit par les moyens de fortune par qui la puissance et l’inégalité font leur jeu, soit par la plus grande force qu’ont plus d’hommes rassemblés et que les ……… savent réunir à leur avantage ……… Il importe donc que cette partie trop favorisée demeure dans la dépendance du reste de la nation pour sa subsistance en cas de divisions intestines ; il est dans la nature de notre institution que ce soit le colon qui fasse la loi à l’ouvrier. Avec ces précautions, on peut sans danger favoriser dans l’île l’établissement des arts utiles, et je doute si ces établissements bien dirigés, ne peuvent pas procurer à tous le nécessaire, sans avoir besoin de rien tirer du dehors, si ce n’est quelques bagatelles pour lesquelles on permettra une importation proportionnelle, toujours balancée avec soin par l’administration.

J’ai montré jusqu’ici comment le peuple corse pouvait subsister dans l’aisance et l’indépendance avec très-peu de trafic ; comment, de ce peu qui lui sera nécessaire, la plus grande partie se peut faire même par des échanges, et comment il peut réduire presque à rien les nécessités des importations du dehors de l’île. On voit par là que si l’usage de l’argent et de la monnaie ne peut être absolument anéanti dans les affaires des particuliers, il se peut réduire au moins à si peu de chose qu’il ne se fera point de fortunes par cette voie, et que quand il s’en pourrait faire, elles deviendraient presque inutiles et donneraient peu d’avantage à leurs possesseurs.

Mais les finances publiques, comment les gouvernerons--