SUR LA RÉVÉLATION. 175
éternellement tous les corps en lignes droites et parallèles avec une force ou du moins une vitesse égale, sans que ja- mais le moindre atome put en rencontrer un autre ni se détourner un instant de la direction commune.
Plongé dans ces rêveries et livré à mille idées confuses, qu’il ne pouvait ni abandonner ni éclaircir, l’indiscret phi- losophe s’eiTorçait vainement de pénétrer dans les mystères de la nature ; son spectacle qui Tavait d’abord enchanté, n’était plus pour lui qu’un sujet d’inquiétude, et la fan- taisie de rexpliquer lui avait ôté tout le plaisir d’en jouir. Las enfin de flotter avec tant de contention entre le dout^ et l’erreur, rebuté de partager son esprit entre des systèmes sans preuves et des objections sans réplique, il était prêt de renoncer à de profondes et frivoles médita- tions, plus propres à lui inspirer de l’orgueil que du sa- voir : quand, tout à coup, un rayon de lumière vint frap- per son esprit et lui dévoiler ces sublimes vérités qu’il n’appartient pas à Thomme de connaître par lui-même et que la raison humaine sert à confirmer sans servir à les découvrir. Un nouvel univers s’offrit pour ainsi dire à sa contemplation ; il aperçut la chaîne invisible qui lie en- tre eux tous les êtres ; il vit unç main puissante étendue sur tout ce qui existe, le sanctuaire de la nature fut ouvert à son entendement comme il Test aux intelligences céles- tes, et toutes les plus sublimes idées que nous attachons à ce mot : Dieu, se présentèrent à son esprit. Cette grâce fut le prix de son sincère amour pour la vérité et de la bonne foi avec, laquelle, sans songer à se parer de ses vaines re- cherches, il consentait à perdre la peine qu’il avait prise et à convenir de son ignorance plutôt que de consacrer ses . erreurs aux yeux des autres sous le beau nom de philoso-