Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/276

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et impossible, au moins pour sa durée, où tout le monde trouverait sous sa main, sans travail et sans peine, de quoi satisfaire à tous ses besoins ; mais celui où toutes les cho- ses nécessaires à la vie sont rassemblées dans le pays en telle quantité que chacun peut, avec son travail, amasser aisément tout ce qu’il lui en faut pour son entretien.

Enfin, après tant de siècles, deux hommes cherchant à se rendre célèbres par des opinions singulières qui peuvent flatter le goût du leur se sont avisés de nos jours de ren- verser toutes les maximes économiques des anciens politi- ques, et de leur substituer un système de gouvernement tout nouveau, et si brillant, qu’il était très-difficile de ne pas s’en laisser séduire ; sans compter que Tintérêt particulier y trouvait très-bien son compte ; c’était un autre moyen de succès dans un siècle^ où personne ne se soucie plus du bien public, et où ce mot, ridiculement profané, ne sert plus que d’excuse aux tyrans et de prétexte aux fripons.

La voix de la nature et celle de la raison ne se trouve- raient jamais en contradiction, si l’homme ne s’était lui- même imposé des devoirs qu’il est ensuite forcé de préférer toujours à l’impulsion naturelle.

Si le nombre des naissances est égal à celui des morts dans les campagnes, et que celui des morts dépasse com- munément celui des naissances dans les villes, la dépopu- lation successive est manifeste.

Car les riches et tous ceux qui sont contents de leur état ont grand intérêt que les choses restent comme elles sont.