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DES INSTITUTIONS POLITIQUES. S55

climat, le sol, Tair, Feau, les productions de la terre et de la mer, forment son tempérament, son caracttoe, détermi- nent ses goûts, ses passions, ses travaux, ses actions de toute espèce. Si cela n’est pas exadement vrai des indivi- dus, il Test incontestablement des peuples ; et, s’il sortait de la terre des hommes tout formée, en quelque lieu que ce pût être, qui connaîtrait bien Tétat de tout ce qui les entoure pourrait déterminer à coup sûr ce qu’ils devien- dront.

Avant donc que d’entamer l’hfetoire de notre espèce, il faudrait commencer par examiner son séjour et toutes les variétés qui s’y trouvent, car de là vient la première cause de toutes les révolutions du genre humain. Au défaut du temps et des connaissances nécessaires pour entrer dans un si grand détail , je me bomerài ici aux observations indispensables pour entendre ce que j’ai à dire dans la suite.

Quoique, dans un circuit de trois mille lieues, la terre ne soit pas une sphère immense, elle l’étend pour ainsi dire par la variété de ses climats, qui, propres à diverses quali- tés de plantes et d’animaux, la divisent pour ainsi dire en autant de mondes dont les habitants, circonscrits chacun dans le sien, ne peuvent passer de l’un à Fautre. L’homme seul et quelques animaux domestiques subsistent naturel- lement partout et* peuvent prendre autant de manières de vivre que la diversité des climats et de leurs productions en exige d’eux. Une autre diversité qui multiplie et combine la précédente est celle des saisons. Leur succession, por- tant alternativement plusieurs climats en un seul, accou- tume les hommes qui l’habitent à leurs impressions diver- ses, et les rend capables de passer et de vivre dans tous les