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DES INSTITUTIONS POLITIQUES. 257

déjà lequel de ces deux principes est le mieux fondé en raison : on verra dans la suite lequel est le plus conforme à rhisloire et aux faits.

Les qualités de la tqrre et les espèces de ses productions ne se ressentent pas moins que les tempéraments des hommes des divers aspects du soleil, et le sol change autant d’un climat à l’autre que le naturel de ses habitants. La terre, plus raréfiée et plus poreuse dans les pays chauds, demande moins de travail et s’imprègne plus aisément des sels qui la fertilisent. Les plantes qu’elle produit sont plus nourrissantes, les arbres donnent en abondance de , meilleurs fruits. Une seule espèce y peut fournir à l’homme tous ses besoins : presque sans travail et sans peine, sa fécondité naturelle suffit pour nourrir ses habitants.

Dans les pays froids, la terre paresseuse et demi-morte n’a pas assez de force pour élaborer dans les végétaux des sucs propres à la nourriture de l’homme : si elle végète, elle ne produit que des herbes sans saveur et des arbres sans fruit qui ne peuvent nous fournir des aliments que par des voies intermédiaires, en nourrissant des animaux qui nous servent de nourriture.

Mille variétés sur la terre, dans la terre, déterminent les manières d’être de ses habitants et les assujettissent à certaines conditions. Généralement les montagnards sont pasteurs par état, les habitants des bois chasseurs par état, ceux des plaines laboureurs par état.

L’eau, l’air même peuvent fournir des aliments à ceux à qui la terre en refuse ; les habitants des côtes stériles sont tous pêcheurs et ichthyophages. Il y a, dit-on, dans les ro- chers du Caucase, des hommes dont les faucons et les aigles sont les pourvoyeurs ; et le ciel, en de certains lieux, donne