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NOTES DÉTACHÉES SUR LE MÊME SUJET

L’analyse de la pensée se fait par la parole, l’analyse de la parole par l’écriture ; la parole représente la pensée par des signes conventionnels, et l’écriture représente de même la parole. Ainsi l’art d’écrire n’est qu’une représentation médiate de la pensée, au moins quant aux langues vocales, les seules qui soient en usage parmi nous.

N’est-il pas bien ridicule qu’on soit obligé de dire à un homme : Écrivez-moi ce que vous dites, afin que je l’entende.

Je doute que la même équivoque se trouvât originairement dans la prononciation latine ; car la langue latine étant, surtout dans les commencements, beaucoup plus parlée qu’écrite, il n’était pas naturel qu’on y laissât dans le discours des équivoques qui ne fussent levés que par l’orthographe.

La langue française se sent des inclinations de ceux qui la parlent ; tout est mode et air, jusque dans la prononciation.

L’écriture n’est que la représentation de la parole ; il est