Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/332

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TiOÔ AVIS DE L’ÉDITEUR.

et il y en avait même de si libres, qu’il était iieureux pour lui de les avoir faites impunément ; mais, dans les bureaux des ministres, on avait de tout temps regardé l’abbé de Saint-Pierre comme une espèce de prédicateur, plutôt que comme. un vrai politique, et on le laissa dire tout à son aise, parce qu’on voyait bien que personne ne récoulait. Si j’étais parvenu à le faire écouter, le cas aurait été dif- férent. Il était Français, je ne Tétais pas, et, en m avisant de répé- ter ses censures, quoique sous son nom, je m’exposais à me faire demander un peu rudement, mais sans injustice, de quoi je me mêlais. Heureusement, avant d’aller plus loin, je vis la prise que j’allais donner sur moi, et me retirai bien vite. Je savais que, vivant seul au milieu des hommes, et d’hommes tous plus puissants que moi, je ne pouvais jamais, de quelque façon que je m’y prisse, mp mettre à l’abri du mal qu’ils voudraient me faire. Il n’y avait qu’une chose en cela qui dépendît de moi, c’était de faire en sortç au moins que quand ils m’eo voudraient faire, ils ne le pussent qu’injustement. Cette maxime, qui me fit abandonner l’abbé de Saint-Pierre, m*a fait souvent renoncer à des projets beaucoup plos chéris. ))

G. Str.-M.