Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/427

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^ LETTRES INÉDITES. 401

quand je ne m’y intéresserais pas pour Fouvrage même, je m’y intéresserais pour l’auteur. Mais, accablé d’embarras, de chagrins et de maux, je suis, quant à présent, hors d’état de le lire. Je perds dans peu de joui*s mylord Mareschal, mon protecteur, mon ami et le plus digne des hommes ; son départ, qui me laisse en proie aux persécutions, sans appui, et, qui pis est, sans amis, me plonge dans la plus vive affliction que j’éprouvai de mes jours, et ce n’est assu- rément pas peu dire. — En ce moment, la plus intéressante lecture ne peut que m’être insipide, et je n’y saurais don- ner l’attention nécessaire. Mais si l’hiver prochain j’existe encore, et que vous puissiez me communiquer l’ouvrage de D. Deschamps, je le lirai, monsieur, avec l’intérêt de l’amitié, et avec la même franchise j’en dirai mon sentiment à vous ou à lui ; voilà tout ce que je puis faire. Je reçois avec reconnaissance les témoignages de votre estime, elle me flatte et m’honore ; je tâcherai de la mériter toujours. Recevez-en mes remercîments, monsieur, et les assurances de mon respect.

XX

\ M. SÉGUIER DE, SAINT-BUISSON \

Motiers, 13 novembre 1765.

Je suis bien aise, monsieur, que vous vous soyez un peu refroidi sur votre ouvrage ; la vérité que je vous dois sur ce

  • Nous voyons, dans le XII* livre desCenfisssions, que ce personnage était

un ofiicier du régiment de Limousin qui, ayant des prétentions au bel es- prit et un certain goût pour la littérature, s’était passionné pour Jean- Jacques. Après la publication de VÉmile, il avait même quitté le service