Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/489

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LETTRES INÉDITES. 465

luoi-méme. Je n’ai jamais connu d’autre bonheur dans la vie que celui d*aimer et d’être aimé. La candeur et la con- fiance font les délices de mon cœur ; mais elles ont fait tous les^ tourments de ma vie, et je ne m’y livre presque plus qu’en tremblant. Une chose doit vous rendre indulgent sur mes inégalités ; c’est qu elles sont non-seulement cruelles pour moi, nxais involontaires : que je puis me tromper, mais non pas vouloir être injuste, et que lorsque je serai content du cœur de mes amis, ils auront encore plus lieu de Têtre du mien *. C’est dans ces sentiments que je vous embrasse.

Je rouvre ma lettre pour vous parler de ma santé, qui est meilleure depuis deux jours. J’ai eu, par-dessus le marché, un violent et court mal de dents ; et j’ai tant fait que je me suis arraché un marteau moi-même. Ma sœur vous remercie et vous salue. Elle souffre exlrèmement d’une fluxion qui lui a fait enfler la tête comme un bois- seau.

LVIII

AU MÊME.

Ti ye, le 9 octobre i767.

J’ai reçu, dans votre lettre du premier de ce niois, avec le compte de vos déboursés, l’explication que vous me donnez au sujet du changement de cachet, et où je trouve que vous confondez deux choses différentes.

  • Ce passage nous paraît remarquable par ’a franchise avec laquelle

Rousseau parle de ses inégalités d’humeur, et en général par la manière dont il se juge lui-même. (Note de r Éditeur.)