Page:Rousseau - Beaux-arts, 1824.djvu/48

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avoir à leur intérêt. Il est vrai que même en ce sens-là, ils n’auraient nul sujet de s’opposer au succès de mon système, puisque dès qu’il est publié ils en sont les maîtres aussi bien que moi, et que la facilité qu’il introduit dans la musique devant naturellement lui donner un cours plus universel, ils n’en seront que plus occupés en contribuant à le répandre. Il est cependant très probable qu’ils ne s’y livreront pas les premiers, et qu’il n’y a que le goût décidé du public qui puisse les engager à cultiver un système dont les avantages paraissent autant d’innovations dangereuses contre la difficulté de leur art.

Quand je parle des musiciens en général, je ne prétends point y confondre ceux d’entre ces Messieurs qui font l’honneur de cet art par leur caractère et par leurs lumières. Il n’est que trop connu que ce qu’on appelle peuple domine toujours par le nombre dans toutes les sociétés et dans tous les états ; mais il ne l’est pas moins qu’il y a partout des exceptions honorables, et tout ce qu’on pourrait dire en particulier contre la profession de la musique, c’est que le peuple y est, peut-être, un peu plus nombreux, et les exceptions plus rares.

Quoiqu’il en soit, quand on voudrait supposer et grossir tous les obstacles qui peuvent arrêter l’effet de mon projet, on ne saurait nier ce fait plus clair que le jour, qu’il y a dans Paris deux et trois mille personnes, qui, avec beaucoup de dispositions, n’apprendront jamais la musique, par l’unique raison de sa longueur et de sa difficulté. Quand je n’aurais travaillé que pour ceux-là, voilà déjà une utilité sans réplique ; et qu’on ne dise pas que cette méthode ne leur servira de rien pour exécuter sur la musique ordinaire : car, outre que j’ai déjà répondu à cette objection ; il sera d’autant moins nécessaire pour eux d’y avoir recours qu’on aura soin de leur donner des éditions des meilleures pièces de musique de toute espèce et des recueils périodiques d’Airs à chanter et de symphonies, en attendant que le système soit assez répandu pour en rendre l’usage universel.

Enfin, si l’on outrait assez la défiance pour s’imaginer que personne n’adopterait mon système, je dis que même dans ce cas là, il serait encore avantageux aux amateurs de l’art de le cultiver pour leur commodité particulière. Les exemples qu’on trouve